Last post.
This is the very last post of the blog. I cover the current facts in Montreal (« no water, no mayor, no metro ») and I make a tentative conclusion.
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Plus d’un mois après mon retour, je reste informé des nouvelles montréalaises-québécoises-canadiennes ; j’y prête même plus d’attention que pour les actualités françaises. La facilité joue en ma faveur : si l’information n’est pas en anglais, c’est qu’elle est en français. Je suis donc toujours plus prompt à naviguer sur les sites du Globe and Mail et de Radio-Canada qu’à regarder les canaux 15 et 16 de la TNT.
Ce n’est donc pas du tout « après moi le déluge »… quoi que, pris au sens propre… Depuis un mois, Montréal vit au rythme du « pas d’eau, pas de maire, pas de métro« . La formule revient à Chantal Hébert, journaliste politique (The Toronto Star & Le Devoir), dans les Coulisses du pouvoir du 2 juin (sur Radio-Canada).
Pas d’eau. Le lendemain de mon départ, l’eau du robinet a été déclarée impropre à la consommation sur l’île de Montréal. Plus d’un million de résidents ont dû bouillir leur eau (ou se priver de l’eau du robinet) en raison de tests de turbidité de l’eau non conforme. Au bout de quelques heures, tout est rentré en ordre, non sans avoir créé des désagréments dans la population. Mais dans la province de l’eau potable gratuite, cet incident a eu le mérite de soulever deux questions. 1) Sait-on qu’ailleurs au Canada, des communautés autochtones subissent cette situation au quotidien depuis des décennies à cause de la pollution des sols ? 2) Sait-on que Montréal est la ville où la consommation d’eau par habitant est l’une des plus élevées au monde ?
Pas de métro. Mon opinion plutôt positive de la STM semble être très minoritaire. Sont en cause les pannes qui frappent le métro de Montréal : elles ont lieu trop souvent, durent trop longtemps, et surtout semblent ne pas avoir de cause valable (une panne du réseau informatique ne peut avoir lieu … plusieurs fois par mois ! ou les PCs de la STM sont-ils nuls ?)
Pas de maire. Et pour le coup, l’information a fait plusieurs fois le tour de la planète, même si les médias non-canadiens n’avaient pas toutes les clés en main pour comprendre ce qui se passait.
La dernière fois que je vous ai parlé du maire de Montréal, c’était en novembre 2012 : Gérald Tremblay démissionnait après avoir été mis en cause par des dépositions devant la commission Charbonneau. Il fallait lui trouver un successeur, avant l’élection municipale de l’automne 2013. Les conseillers municipaux avaient choisi Michael Applebaum (bras droit de Gérald Tremblay). Et jusqu’ici, ce dernier donnait pleine satisfaction en apparaissant comme le « monsieur propre » de la mairie, avec une cote de 65% de satisfaits à la mi-mai.
Et le 17 juin, Michael Applebaum est arrêté à son domicile par l’UPAC. Quatorze chefs d’accusation pèsent sur lui, dont des accusations de corruption (ce sont bien des accusations ayant force juridique, et non des soupçons). Michael Applebaum est contraint à la démission le lendemain. Plouf ! Huit mois après la démission spectaculaire de Gérald Tremblay, quatre mois avant l’élection municipale, Montréal se retrouve à nouveau sans maire ! Cette fois, le « nouveau maire » intérimaire, Laurent Blanchard, a annoncé qu’il se contenterait d’amener Montréal à bon port en novembre…
L’UPAC est l’unité de police anticorruption au Québec, qui conduit perquisitions et arrestations. En parallèle, la commission Charbonneau continue ses travaux de déconstruction des relations entre politiques, entrepreneurs de la construction et mafia au Québec. Devant ces écuries d’Augias à nettoyer, la commission a vu son mandat prolongé jusqu’en 2015. Des révélations croustillantes sont donc encore à venir (!). On a découvert que tout le conseil municipal de Laval participait à un système de prête-noms (dont le maire a été arrêté pour gangstérisme), tandis que de nombreux chefs d’entreprise déclaraient pratiquer le « développement des affaires » (façon polie de parler de corruption), et que le marché public de l’asphalte était truqué par un cartel (avec un impact sur la qualité dudit asphalte, et la recrudescence des nids-de-poule…).
L’actualité ne se résume pas uniquement aux malheurs de Montréal. Vous avez tremblé devant les images de Lourdes sous les eaux ? C’est peu de chose devant les inondations dans le sud-ouest de l’Alberta (notamment autour de la métropole de Calgary), dont les dégâts se chiffrent en milliards de dollars.
En politique, plutôt que de m’épancher sur ce que je pense des scandales du Sénat, ou de la polémique sur le turban au foot/soccer (qui auraient chacun mérité un article seul), ces petits bilans sont bien plus parlants :
Last post.
Comme à un examen où il faut lâcher le stylo au bout du délai imparti, l’écriture de ce blog doit cesser après la fin de la 3A. Continuer ce blog alors que je suis rentré depuis plus d’un mois est un peu ridicule, car je ne peux pas faire comme si j’étais toujours à Montréal.
En même temps, je me rends compte que je n’ai absolument pas eu le temps de dire tout ce que j’ai vu de l’Amérique du nord, ni d’ailleurs d’avoir eu un aperçu convenable de ce qu’est le Canada. Tant pis, je laisserai certaines choses sous silence même si je tâcherai de m’en souvenir.
Voilà. Cela fait plus de dix mois que je suis parti, plus d’un mois que je suis revenu.
Ma 3A n’est pas encore officiellement « validée ». Mais le Pôle Mobilité de Sciences Po a déjà reçu mes relevés de note (sous scellé et avec une GPA plus que correcte) et mon rapport de séjour. Et de toute évidence, ma 3A est finie pour de bon.
J’ai vu les photos de la cérémonie de graduation (on dit graduation en anglais comme en français-québécois) de McGill. Des milliers d’étudiants fiers d’achever leurs Undergraduate Studies, portant la toge universitaire pour la Convocation Ceremony. Je sais déjà que pour la diplomation du Bachelor de Sciences Po, ce sera sans l’air du printemps, et sans la toge et le chapeau noirs.
En un mois, j’ai déjà eu l’occasion de prendre le RER C au bord de la Seine revoir des 3A de retour de Bombay, Londres, Oxford, Boston, Austin, Vancouver, Stockholm… D’autres ont la chance de vivre leurs derniers jours de 3A en ce moment-même.
Mais tout cela ne me rendra pas les 21 balançoires :
ni la tire d’érable :
J’aime le Canada. Ce pays qui accueille. Où on valorise les différences, et la vie des communautés. Où on a compris qu’une immigration hautement instruite et qualifiée sera un atout pour l’avenir : les immigrés représentent un quart de la population du Canada, et plus du tiers des détenteurs d’un grade universitaire. Où les plus jeunes députés appartiennent à un parti progressiste, et non à un « front national » xénophobe et démagogue.
Montréal me manque. La preuve : pourquoi prêté-je autant d’attention à l’actualité de Montréal ?
Merci aux quelques 9 800 internautes qui ont visité mon blog de là où ils/elles étaient (France, Canada, mais aussi Australie, Royaume-Uni, États-Unis, Singapour, Mexique…), avec jusqu’à 150 visiteurs/jour. Certains d’entre vous sont arrivés ici vraiment par hasard (WordPress m’indique ce que vous avez saisi sur le moteur de recherche), d’autres ont suivi jour après jour mes petites aventures au bord du Saint-Laurent. L’article le plus lu (à part la page d’accueil…) est celui consacré au premier match de football américain de la saison universitaire. Encore, merci.
PW – pour la dernière fois the migratory martlet
p.-s. Comme les articles promis (en août dernier) sur la banque et le logement ne viendront jamais, j’irai à l’essentiel.
- Croyant que le marché locatif de Montréal fonctionnait de la même manière qu’à Paris, j’ai été trop pressé dans ma recherche de logement, alors que j’aurais pu me permettre d’être plus exigeant sans pour autant payer plus cher (notamment quant à l’état général de l’appartement dans lequel j’ai habité). Si c’était à refaire, je prendrais plus mon temps, et je serais plus vigilant. Et pour couronner le tout, l’ancien locataire a « oublié » de signaler son changement d’adresse, si bien que je recevais ses amendes automobiles venant de la Cour municipale (avec menace de visite d’huissier de justice) !
- Pour les finances, j »ai ouvert un compte HSBC Premier en France, que j’ai lié à un compte HSBC au Canada : les transferts d’un compte à l’autre (en ligne) étaient instantanés et sans frais (à part un taux de change un peu en retard sur celui en vigueur). Une fois au Canada, je me rendais de l’agence bancaire HSBC située en face de l’entrée du campus (à l’intersection Sherbrooke / McGill College), tout en ayant une carte de débit pour les transactions courantes. Cher agent du fisc français qui lis ce blog, sache que j’ai fermé le compte canadien le jour où je suis parti de Montréal et qu’il a été alimenté par des revenus déclarés en France (et que mes parents ont rempli le formulaire concerné).